Poudlard Express, me voilà !

La matinée avait été dure pour Alice, depuis deux mois que c’était le son du clocher de l’église voisine qui la réveillait, aujourd’hui, il en avait été tout autre. Elle haïssait désormais profondément de bruit de ces stupides chaussures à semelles bruyantes que portaient son frère et son cousin, elle haïssait ces stupides portes qui étaient la seule chose qui séparait leurs deux chambres, elle détestait la salle de bains commune qui se trouvait entre sa chambre et celle des garçons, elle détestait les réveils brutaux.

« Allez, la blonde, si t’est en retard, tu prends le bus ! » C’est cette phrase très réconfortante qu’avait trouvé son cousin pour la pousser à hisser son corps hors des couvertures. Le bus, non merci, depuis que l’un d’entre eux lui avait foncé dedans au cours de l’été, elle refusait catégoriquement le moindre contact avec un tel objet. Au moins, elle s’en était bien sortie, un simple bleu sur la fesse droite et un poignet tordu, rien de plus. Ah, si en fait, sa montre avait subi un léger traumatisme, au lieu du bruit de « cocorico » qu’elle poussait autrefois, on pouvait maintenant entendre un cri sonore digne des plus grands drames d’horreur, ce qui expliquait, entre autres, pourquoi elle ne s’était pas levée.

Suite à quoi, il lui avait prit environ dix minutes pour jeter son frère hors de la salle de bains, se laver, s’habiller, empoigner ses bagages et la cage de son chat et se précipiter dans le salon ou crépitait un feu aux flammes verdoyantes, un simple toast volé à son père lui suffirait pour déjeuner ce matin.

C’est donc par les voies de la cheminée que la famille prit la route de Londres.

« Fais attention à toi ! »

« Oui, maman. »

« Et ne te trompes pas de mur cette fois »

« Oui papa. » Conseil utile si on se fie au désastre de la dernière fois, tous les moldus se sont retournés vers elle, niveau discrétion on a vu mieux, surtout si on prend en considération le fait qu’elle n’avait pas du tout raté le mur, sa joue gauche n’a plus jamais été la même depuis.

« Tu es certaine que tu n’as rien oublié, tu es si distraite, des fois ! »

« Non, maman, tout est là. » Et voilà qu’enfin ils la laissaient partir, Jude et Lewis, eux n’avaient pourtant eu aucun avertissement avant de partir, alors pourquoi fallait-il qu’elle, on la retienne des heures durant ?

Elle pu donc, finalement prendre son chemin vers le quai 9 ¾, traversant le mur d’un pas discret. C’est ici qu’elle se rendit compte qu’elle avait perdu les garçons, elle avait beau scruter le quai, aucun des deux jeunes hommes ne se présentait à sa vue. Elle haussa les épaules. Bah, elle trouverait bien un autre pigeon de toute façon, le mieux pour l’instant, c’était de se diriger vers le train, ici, mieux vaut choisir sa place à l’avance sinon vous risquez le compartiment à bagages, une expérience qu’Alice était fort peu encline à tenter.

(Meine Gott ! Désolée, je n’avais même pas réalisé que tu avais répondu !)

Enfin, elle avait trouvé le compartiment parfait, le numéro huit ! Vide, comportant des banquettes confortables, des paniers à bagages placés juste à la bonne hauteur et sans défauts dans les mailles et, par-dessus tout, un sol intact ou aucun élève n’était venu jeter ses papiers et autres détritus.

Toute heureuse de sa trouvaille, elle déposa la cage de son chat tout près de la banquette et commença à farfouiller dans les paniers pour y placer sa valise. Le pauvre animal ne semblait avoir qu’une seule envie, partir au plus vite, crachant et grognant en un bruit qui s’apparentait plus à celui d’un chien que d’un chat, la pauvre bête semblait conspirer une façon de s’enfuir de sa prison de plastique.

C’est quand elle se trouvait debout sur la banquette, essayant vainement de faire passer sa grosse valise que la porte s’ouvrit sur un garçon de son année. Bien qu’elle ne fut pas très proche de lui, il était impossible de ne pas le connaître et pas seulement parce que beaucoup de ses amies se trouvaient être les ex petites amies du jeune homme, mais disons plutôt qu’il ne passait pas inaperçu.

« Guten morgan, meine herr ! » Lui lança-t-elle de son allemand foireux complètement gâché par un accent du Devon très prononcé. Mais cet instant de distraction ne joua pas en sa faveur puisque sa valise glissa sur le côté, indifférente aux petits coups de mains que donnait Alice pour essayer vainement de la rattraper en plein vol et atterrit violemment quelques centimètres devant « meine herr ».

Affolée, elle bondit en bas de sa banquette, le chat grognant plus que jamais, pour s’assurer que sa victime allait bien et était encore en possession de tous ses membres.

« Oh my god ! Je suis désolée ! Tout va bien ? T’es vivant ? »

« Ouf, j’ai eu peur » Souffla-t-elle.

« Je suis désolée, je suis d’une maladresse incroyable, si tu savais combien de fois j’ai faillit éborgner mon frère ! Pauvre poussin… enfin, au moins toi tu vas bien ! » Elle marqua une pause tandis que le chat sans nom continuait de grogner, cracher et vociférer dans son coin.

« Au fait, j’ai fait le tour des compartiments et celui-ci est le seul qui n’est – du moins pas encore – plein à craquer. J’espère que ma compagnie de t’importune pas ? » Cette pensée lui rappela qu’elle n’avait toujours pas retrouvé son cousin, même après avoir tourné en rond dans les compartiments à sa recherche.

Du moins, elle ne s’en inquiétait pas outre mesure, il s’était probablement encore fondu dans cette foule insondable et disputait un concours de blagues grivoises avec un quelconque camarade de classe, elle ne pouvait pas lui en vouloir puisque elle-même était plutôt du genre à faire la même chose.

Sans trop attendre de réponse à sa première question, elle se remit sur la pointe des pieds sur son précédent piédestal et entreprit de nouveau de hisser sa valise dans les filets. Encore une fois, à la fin du voyage, elle se repentira de ne pas faire quelques centimètres de plus et devra attendre qu’une âme charitable ne se propose pour l’aider, mais comme d’habitude, la petite blonde n’y pensait pas.

« Au fait, toi c’est Sirius, c’est ça ? » Lança-t-elle au jeune homme se trouvant maintenant un peu plus bas qu’elle. Évidemment c’était une question un peu stupide, il n’y avait pas un élève – en sixième année du moins – qui ne connaissait pas son nom, mais elle cherchait à engager la conversation et l’expérience lui avait montré qu’un sujet anodin était toujours un bon début à une conversation.

Sirius ne s’était pas encore remis de ses émotions, bien qu’il n’en laisse rien paraître. Toujours immobile, il observa la jeune fille qui s’était déjà reprise en main, et tentait de remettre, encore une fois, sa valise dans les filets au dessus des sièges. Bien que Black ne la connaisse pas outre mesure, il avait pu remarquer une ou deux fois au cours des années précedentes à quel point Alice était hyperactive, toujours en mouvement, à parler à tord et à travers. Sa voix avait d’ailleurs un timbre…assez particulier qui ne cessait de le surprendre à chaque fois qu’elle prenait la parole. Disons qu’elle n’était pas du tout…enfin…soyons honnête, son timbre de voix n’allait pas du tout avec son physique ! C’était en cela que la jeune femme était étonnante.

Ainsi Black se retrouva enfermé dans ce compartiment,.Il n'eut pas le temps de dire quoique ce soit car déjà elle enchaînait de plus belle. On aurait dit une boule de nerfs se déplaçant à toute vitesse, et se comportant comme une vraie piplette. Partagé entre l’agacement et l’amusement, Sirius croisa les bras sur sa poitrine, toujours appuyé contre la porte. Après quelques secondes d’observation, et maints efforts de la part d’Alice, Sirius reprit la parole :

« Tu veux peut-être que je te files un coup de main ? »

Sans attendre de réponse, il se glissa prés d’elle et s’empara de la valise. Celle-ci atterrit en un tour de main dans les filets prévus à cet effet. Sirius avait beau être un « rebelle » dans l’âme, il était tout de même galant. Sans cela, il n’aurait pas autant de succès auprès des filles du collège. Tout en rangeant les affaires de sa « compagne de voyage », il répondit :

« C’est ça, je suis Sirius… » Il évita de dire son nom en même temps. Non pas qu’il en ait honte mais… La famille Black avait une réputation qui amenait des idées préconçues chez tous les sorciers qui ne connaissait pas bien Sirius. Il n’aimait pas être assimilés aux autres membres de sa famille : intolérants, arrogants, et malveillants, il fallait bien l’avouer. Mais inutile de ressasser les fantômes du passé. Il avait mieux à faire. C’était la rentrée, et rien que cette perspective devait suffire à le rendre heureux.

S’asseyant ensuite sur la banquette en face d’Alice, il jeta un coup d’œil dans le couloir, avant de demander :

« Tu attends sûrement quelqu’un ? Des copines peut-être ? »

Pour sa part, il attendait le reste des maraudeurs. Ils pourraient certes le rejoindre dans ce compartiment, mais ils risqueraient d’être très… serrés. Surtout si Alice attendait quelqu’un aussi. Mais, comme elle l’avait si bien dit, peu de compartiments étaient encore libres. Ils n’avaient donc pas le choix.

Alors qu’Alice farfouillait dans ses filets comme une idiote la voix de Sirius résonna derrière elle, lui proposant de l’aide. En effet, elle n’était pas pour cracher sur un petit coup de main. Il était plus grand qu’elle et – par la même occasion – avait les bras plus longs, une simple poussée lui permit de caler l’imposante valise.

« Merci ! » Lui fit Alice de sa même voix enrouée. Ce fut après cela qu’elle lança vaguement le sujet de son nom. Comme celui-ci ne semblait pas très enthousiaste à son évocation, elle bondit de sa banquette comme un petit lapin et s’assit. Sirius l’imita quelques secondes plus tard.

« Tu attends sûrement quelqu’un ? Des copines peut-être ? » Lui demanda-t-il. Des copines, c’était vite dit. Elle attendait son cousin, un grand type brun aux allures de rebelle qui ne collait pas vraiment à l’image de « copine », mais il était vrai qu’il n’était pas rare de voir Alice en compagnie d’un groupe de glousseuses composé d’un vingtaines de filles toutes aussi blondes qu’elle, ce devait être à ça que faisait référence Sirius.

« À vrai dire, j’attends mon cousin, Jude, qui se trouvera probablement accompagné de sa copine, mais pas plus, je ne crois pas qu’il devrait apporter un troupeau avec lui, d’un autre côté il s’est probablement déjà perdu dans la foule des autres compartiments, je ne l’ai pas vu tout à l’heure. Et toi ? Tu attends Potter et les autres j’imagine ? » C’est ce qui avait tout de suite frappé Alice à vrai dire, il était très rare de le voir seul sans son inséparable ami mal coiffé, les deux autres se faisaient un peu plus indépendants, surtout Lupin – que Alice connaissait uniquement parce qu’il était préfet et que la demoiselle avait un don épouvantable pour se mettre dans le pétrin – mais en y réfléchissant, cela devait être l’une des seules fois ou elle avait vu le jeune homme sans compagnie.

Sirius fut rapidement rassuré par la réponse de la jeune fille. Ouf! Le compartiment n'allait donc pas se transformer en salon de thé. Il n'aurait pu le supporter, et ses amis non plus. Certes, ce n'était pas une réaction trés galante mais que voulez vous! On ne refait pas notre bon vieux Sirius.

S'efforcant de cacher son soulagement, le Gryffondor se mit à tapoter le canapé de sa main droite. Se faisant, il reprit la parole pour répondre à la question d'Alice:

" On ne s'est pas vraiment mis d'accord là dessus mais c'est sous-entendu comme toujours. Je pense qu'ils ne vont pas tarder... Ca ne te dérange pas, j'espère? "

Pour toute autre fille qu'Alice, Sirius n'aurait pas pris la peine de le lui demander. Nombreuses étaient celles qui auraient tué pour être à sa place. Maintenant et plus tard. Seule avec les 4 maraudeurs! Un pur bonheur! Mais Alice était vraiment imprévisible...et... hors du commun dirions nous. Aussi valait-il mieux se méfier.

Guettant sa réponse, il tendit l'oreille alors qu'un bruit sourd se faisait entendre dans le couloir du train. Les sourcils fronçés, Sirius se leva et passa la tête par la porte... Non loin de là, un groupe de Serpentard faisait du grabuge.

" Comme d'habitude..."

Ne put-il s'empecher de dire en marmonnant. Il porta sa main sur sa poche intérieur, hésitant à intervenir. Ce n'était pas à lui de le faire, mais aux prefets. D'habitude il était le premier à faire des farces mais il ne s'agissait pas de ça ici. Les Serpentards prenaient plaisir à torturer les autres maisons.

« On ne s'est pas vraiment mis d'accord là-dessus mais c'est sous-entendu comme toujours. Je pense qu'ils ne vont pas tarder... Ça ne te dérange pas, j'espère ? » Demanda-t-il. La question était inutile, Alice était sociable et savait comment se comporter, du moins quand il le faut, mais aucune fille hétéro, qu’elle soit ou non saine d’esprit, ne se refuserait à passer du temps seule en compagnie de garçons de ce gabarit – si on pouvait se permettre l’expression.

« Bien sûr que non, répondit-elle, je ne suis pas sauvage tu sais… enfin, presque pas, je ne mords plus depuis quelques années, les seules blessures que j’occasionne sont accidentelles… comme tout à l’heure. »

C’est à ce moment que leur conversation fut interrompue par des bruits sonores émergeant du compartiment voisin. Des Serpentards, encore, et toujours les mêmes en plus, bien qu’Alice, dont la mémoire pouvait difficilement rivaliser avec celle d’un poisson rouge, ne se rappelle jamais de leurs noms. Ils lui avaient donné beaucoup de mal l’année précédente.

« Comme d’habitude » Dit Sirius comme pour approuver sa pensée et la confirmant par le fait même. Elle s’apprêtait à les laisser, n’ayant pas envie de commencer ses premières minutes de l’année par des argumentations inutiles, mais le coin de son œil droit lui fit remarquer quelque chose.

« Roh, zut, je l’avais oublié celui-là » Se dit-elle à elle-même. Un petit insigne marqué d’un « P » brillait sur sa poitrine. Dire qu’elle l’avait placé là le matin même pour se forcer à prendre ses responsabilités et ne pas laisser de pauvres première années – probablement encore des Poufsouffle, comme d’habitude – se faire malmener par ces trolls qui faisaient probablement le double de leur taille si ce n’était plus.

En un soupir, elle se leva à son tour et se dirigea vers la porte. « Préfète. » Ce fut la seule explication qu’elle donna à son colocataire de wagon. Sans trop réfléchir à ce qu’elle allait dire, elle ouvrit la porte et scanda d’une voix forte, se faisant une nouvelle fois repérer par tout le monde :

« WOOO ! C’est quoi ça, encore ! »

Sirius avait presque oublié sa compagne alors qu'il hésitait à intervenir. Deux serpentards avaient pris sous leur griffes un pauvre Serdaigle et s'amusaient à défaire les valises de ce dernier, exibant ainsi aux yeux de tous ses sous-vêtements. Ca, c'était vraiment mesquin! Déjà, une idée de vengeance parvenait dans l'esprit de Sirius qui continuait de fixer la scène d'un air absent.

Quelques choses dans le comportement d'Alice le fit sortir de sa rêverie et il tourna la tête vers elle. Devant son regard interrogateur, elle désigna son badge, expliquant: « Préfète ». Ce fut tout ce qu'elle dit. Et Sirius ne s'en était même pas rendu compte depuis le moment où il était entré dans le comportiment. Et pourtant les badges ne passaient pas inaperçus. De toute manière, même Alice elle même l'avait oublié ne serait-ce qu'une fraction de seconde.Mais visiblement, elle tenait à rattraper le coup. Elle passa en coup de vent à côté de lui et fut dans le couloir en moins de deux. Déjà, sa voix étrange résonnait dans tout le wagon. « WOOO ! C’est quoi ça, encore ! ».

Immédiatement, les deux serpentards suspendirent leur geste ainsi que les autres élèves alentour. Il n'y avait que trois ou quatre caleçons qui se mouvaient au dessus de leur tête. Il y eut un long silence... puis l'un des deux crétins marmonna le sort d'annulation. Le jeune serdaigle, probablement une première année, se hata de récuperer ses affaires. Autant par pitié que par bonté, Sirius le rejoignit et l'aida à refermer sa valise. Il leva ensuite la tête et lanca un regard noir à ceux qui les entouraient. Aussitôt, ils firent demi tour, ou continuèrent leur chemin.

Le Serdaigle remercia rapidement Sirius avant de disparaitre. Black se releva en soupirant, se jurant que les deux serpentards allaient le regretter plus tard durant l'année. Il rejoignit lentement Alice et lui lança un sourire moqueur:

" Quelle autorité! Quelle voix surtout! Ils sont partis sans demander leur reste..."

Outre le "cris" d'Alice, c'était probablement l'insigne de préfet qui avait joué son rôle. Il n'en dit cependant rien et retourna dans le compartiment. De nouveau au calme... Mais que faisaient James et Remus?!

(Woohoo ! Je suis back !)

Ouais, bon, l’autorité chez Alice ce n’était pas trop ça normalement. Cette fois-là, elle avait pu s’estimer heureuse de se trouver accompagnée d’un garçon plus fort et surtout plus imposant qu’elle, en temps normal, la seule chose qui avait de la prestance chez Alice, c’était sa voix, qu’elle ne ménageait, pour ainsi dire, pas trop. Cette dernière offrait un bon contraste avec sa personnalité.

Elle eut néanmoins un petit sourire à la remarque du garçon alors qu’elle se rasseyait sur le fauteuil en croisant son mollet droit avec son genou gauche.

« Mouais, c’est ça, l’autorité, c’est plutôt toi qui les as fait fuir. T’en as plus que moi auprès de ces mecs-là ! » Soupirant nonchalamment, elle écarta une mèche blonde de son visage et s’égara un instant par la fenêtre. Une demi seconde à peine, juste le temps de réaliser qu’elle avait soif. Heureusement, elle avait prévu le coup, elle prévoyait toujours le coup, elle qui est complètement accro aux Bièraubeurres.

En un éclair, la revoilà qui ressortait son sac à mains de sous la banquette. C’était une sorte de vieux sac en tissus, du genre de celui que votre grand-mère utilise pour aller faire ses courses. Coupé dans une sorte de vieux tissus blanc un peu beige, d’apparence vieillot. Dessus, on pouvait y voir un petit dessin coloré d’une petite paysanne, style pin-up qui portait un panier d’asperge. Au-dessus du dessin, on lisait l’inscription « Foire aux asperges 1971 ». Le sac paraissait rempli à ras bord et, comme de fait, il n’y avait que très peu de choses utiles à l’intérieur de celui-ci. Des lunettes de soleil, un collier en plastique, un portefeuille, une banane en verre et quelques provisions.

C’est de là qu’elle sortit une bouteille de Bièraubeurre et la déposa à côté d’elle, la condensation sur la bouteille humectant son t-shirt. Rapidement, elle en sortit une deuxième et la tendit vers Sirius.

« T’en veux une ? » Lui demanda-t-elle vivement alors que sa voix prenait une variation aiguë. De son autre main, elle remettait négligemment les divers objets qui dépassaient à l’intérieur de son sac et, joignant les deux poignées ensemble, le remit sous le siège avec moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.

« Mouais, c’est ça, l’autorité, c’est plutôt toi qui les as fait fuir. T’en as plus que moi auprès de ces mecs-là ! »

Sirius jeta un coup d'oeil septique à la jeune femme tout en reprenant place, en face d'elle, sur la banquette. Lui? Il n'avait fait qu'aider le serdaigle et éparpiller la foule de curieux qui étaient encore là. Les Serpentards, c'était elle qui les avait effrayés. Enfin... inutile de polimiquer dessus durant un siècle. Ce qui est fait, est fait. Esperons juste que ça ne se reproduira pas durant le voyage jusqu'à Poudlard.

Alice sortit soudain un sac de sous son siège. Etonné par ce brusque changement de comportement, Sirius plissa les yeux et l'observa. Ce sac devait peser une tonne d'aprés ce qu'il pouvait en apercevoir. Il était remplis à ras bord et renfermait multes choses de sources différentes. Alors qu'elle le fouillait à la recherche de je-ne-sais-quoi, le jeune homme vit voler une paire de lunette, un porte feuille, un collier et même de la nourriture.

Il eut du mal à garder son sérieux. Ce bout de femme était vraiment spéciale. On ne s'ennuyait pas avec elle. Elle sembla enfin trouver son bonheur, qu'elle posa à ses côtés. Une bouteille de...Bieraubeurre visiblement. Tout ce remus ménage pour une boisson! Lui même avait une bouteille de jus de citrouille juste à portée de main. Si elle avait soif, elle aurait pu le lui en demander.

« T’en veux une ? » Lui demanda t-elle. Il sourit malicieusement et secoua la tête en désignant son sac à coté de lui. Ce dernier aussi était remplis. Mais pas de babioles. Il avait rajouté les affaires qu'il n'avait pu mettre dans sa valise comme ses affaires de quiddich par exemple. Un capuchon de bouteille dépassait de l'ouverture et témoignait du fait qu'il avait à boire en sa possession.

Devant son refus, la jeune fille finit par se servir et étancher sa soif aprés avoir rangé de nouveau son sac. Sirius en profita pour se mettre à l'aise, étandant ses bras de parts et d'autre de la banquette. Il demanda au bout de quelques secondes:

" Dis moi... si tu es préfète, ne devrais-tu pas te rendre aux compartiments des préfets? Ou faire une ronde?"

Non pas qu'il avait envie de la mettre dehors. Il posait juste la question parce que Remus, lui, qui était préfet depuis tellement longtemps, les abandonnait toujours pour vaquer à ses devoirs. Malheureusement pour ses amis qui se languissaient de son retour.

(C’que j’suis tache, j’avais écrit ce message ce matin, en plus, j’ai tout simplement oublié de le poster. Je crois que j’ai besoin de vacances.)

N’étant pas faite d’une constitution très solide, Alice avait toujours eu un peu de mal à ouvrir ses bouteilles de Bièraubeurre, souvent, il lui fallait l’aide de son frère où de son cousin pour réussir à venir à bout de ces machines de l’enfer qu’on appelle plus couramment des bouchons. Cette fois du moins, elle prit sur elle, elle était faible, certes, mais pas complètement empotée, elle enroula le coin de son t-shirt autour du dit bouchon avant de le tourner et, bien qu’elle dû s’y prendre à deux ou trois reprises, elle finit par réussir.

Sur ce, elle porta la bouteille à ses lèvres, alors que le bouchon, lui restait bien calé au creux de sa main, laissant une petite trace ronde et dentelée à l’intérieur de sa paume. Quelques secondes passèrent alors qu’elle se concentrait sur le contenu de sa bouteille, puis une voix la rappela à la vie.

« Dis moi... si tu es préfète, ne devrais-tu pas te rendre aux compartiments des préfets? Ou faire une ronde? » Oui, bon, c’est vrai, Alice était loin, très loin même, d’être une préfète exemplaire, il lui arrivait souvent d’oublier ses devoirs préfectoraux ou d’échanger sa ronde avec quelqu’un d’autre quand elle n’avait pas envie de la faire, en revanche cette fois, elle n’avait rien à se reprocher… si ce n’était d’avoir oublié le compartiment des préfets, mais ça, elle n’avait aucunement l’intention de le laisser paraître. Un des plus grands défauts de la demoiselle était qu’elle était tout à fait incapable de reconnaître ses torts à moins qu’ils sautent aux yeux de la terre entière.

« À vrai dire… je n’ai pas de ronde prévue pour l’instant, je commence ce soir, quand on arrivera au château, probablement le moment le plus désagréable si tu veux mon avis, tout le monde mange et s’amuse dans la grande salle alors que moi je suis coincée à patrouiller avec mon très cher pote Rusard comme seule compagnie. » Elle bu encore une autre gorgée de sa précieuse Bièraubeurre avant de relever la tête vers son compagnon de wagon, un léger sourire étirant ses lèvres.

« Pourquoi ? Tu veux te débarrasser de moi ? » Dit-elle d’un ton légèrement moqueur.

« Non, non, pas du tout. Seulement, avec Remus, j’ai l'habitude de le voir disparaître toutes les deux secondes dans les wagons alors… » Mouais, pas étonnant, Remus avait toujours été, et de loin, un bien meilleur préfet qu’elle. Lui, au moins, il n’a pas du être surpris en recevant sa lettre ! Alice, par contre, a d’abord cru qu’elle était destinée à son frère, ou qu’il s’agissait d’une erreur, mais non, c’était bien elle la nouvelle préfète de Poufsouffle, enfin, franchement qu’est ce qu’il faut pas voir, des fois, hein ? On pourrait s’imaginer que ce cher directeur avait voulu la responsabiliser un peu… ou que son amour des sorbets citron lui avait monté au cerveau, mais en aucun cas on aurait pu deviner que la petite blonde serait un jour préfète.

« D'ailleurs, j'ai l'impression qu'on va finir le voyage ensemble. Mes dits amis ne pointent pas le bout de leur nez… » Oui, et les siens non plus d’ailleurs, ils avaient probablement dû se mêler à la foule, comme à leur habitude. Les amis d’Alice étaient tous un peu comme elle en un sens, jamais très loin de la foule et très rarement seuls, tout comme elle ils avaient besoin de compagnie constante, peu importe avec qui ils se trouvaient du moment qu’ils soient avec quelqu’un.

« Bon, ben ça nous fait déjà un point en commun ! Le plus étrange c’est que Jude était juste à côté de moi tout à l’heure et je l’ai perdu en entrant sur le quai, et après ça, je ne l’ai plus trouvé en cherchant dans les divers wagons du train ! Bizarre, il a peut-être été avalé par un trou noir » Dit-elle d’un ton indifférent avant de prendre une autre gorgée de Bièraubeurre.

Un crachement sonore lui rappela qu’une bête sans nom s’impatientait dans une cage à côté de sa banquette et Alice se dit qu’elle devrait peut-être la libérer avant de traumatiser l’animal qui était déjà un peu spécial depuis qu’il avait trempé sa patte dans le verre de whisky de Jude l’été dernier.

« Ça te gêne pas que je la libère ? T’est pas allergique ? » Demanda-t-elle à Sirius en amorçant un geste vers la cage.

(Eh ben, je vais pas te fatiguer avec ce topic là !)

« Je ne suis pas allergique… mais c’est à tes risques et périls, je te préviens… »

« Meuh, non, ça devrait aller, je ne pense pas qu’elle vienne te faire chier. »

Aussitôt dit, elle relâcha l’animal qui partit se piquer un sprint à travers le compartiment, grimpa sur le siège, redescendit d’un bond et s’arrêta net sur le sol entre les deux banquettes. L’animal leva la patte, se lécha les babines et se leva pour aller sentir les chaussures de Sirius. Apparemment satisfait, le chat monta sur la banquette et se coucha en boule à côté de sa maîtresse sans demander son reste.

La propriétaire, elle-même n’avait pas grand-chose de plus à y redire, si ce n’était qu’elle avait maintenant une grande envie de carottes, mais les années lui avaient apprit que carottes et Bièraubeurres ne faisaient pas bon ménage, elle s’abstint donc de farfouiller à nouveau dans son sac à la recherche d’un paquet de carottes et s’intéressa à nouveau à son colocataire.

« Alors, sinon, ça te fais quoi de revenir ici ? Moi, honnêtement, on a beau dire ce qu’on voudra je suis toujours heureuse de revenir, mais ce qui surprend tout le monde c’est que Rusard me manque ! Je suis une vraie fétichiste du cher Ruru ! J’adore le faire enrager, mais bon, j’ai du apprendre à me contrôler un peu l’année dernière à cause de ça. »

Elle pointait l’insigne de préfet qui brillait sur sa poitrine. Plus qu’une surprise, ce petit insigne brillant avait été un véritable fardeau à porter l’année dernière. Elle qui avait l’habitude de batifoler dans les couloirs, sortir longtemps après le couvre feu, jeter des bomabouses à tout bout de champ pour faire enrager son grand copain Rusard et martyriser son horrible bête poilue, maintenant, elle devait se contenir, montrer l’exemple, aider les nouveaux et ce sans les traumatiser, pour Alice c’était là un travail très demandant.